Je lis beaucoup, et il est rare que deux livres à suivre me marquent autant, c'est pourquoi je voulais vous en parler un peu plus en détail.
J'ai d'avantage l'habitude de lire des policiers, car je trouve qu'il est beaucoup plus simple de trouver un bon policier qu'un roman classique, et pourtant, c'est un de mes genres préférés. Je les achète rarement au hasard pour autant, et j'avais déjà entendu parler des deux que je vous citerai auparavant, ce pourquoi j'avais très envie de les découvrir à mon tour.
1. Appelle-moi par ton nom, André Aciman
Dans les premières lignes, j'étais un peu réticente - est c'est encore un bien grand mot - à la lecture, enfin, pas vraiment à cause de l'écriture, mais plus à cause de l'histoire. Ce n'est pas qu'elle ne m'intéressait pas, mais je n'avais jamais lu de sujet de la sorte, et je ne savais pas si j'arriverai à m'approprier les personnages.
J'avais tout de même envie d'essayer, justement séduite par l'écriture de l'auteur.
J'ai également été tout de suite séduite par le lieu dans lequel se déroule l'histoire, l'Italie. Ou plus précisément, la côte, pendant l'été, un petit village, une maison faite de vielles pierres abritée et sa cour qui protège des regards, une piscine en bassin, la végétation d'Italie, le soleil et la chaleur, je pouvais presque sentir l'odeur chaude de l'été, et du petit village et de ses bars dansants le soir, aux accents italiens. Les personnages sont aussi très intéressants, un prof de fac, sa femme italienne, leur fils, et leur invité professeur de philosophie.
J'ai adoré la façon dont l'auteur a mis en scène et décrit les sentiments, et la manière dont il a su capturer la tension des premiers moments, lorsque l'on ignore ce que l'autre personne pense de nous, qu'on interprète ses moindres gestes de travers et que l'on fait tout pour contrôler les notre, de peur de se dévoiler en premier.
C'est une vraie tension, une moiteur, un soleil d'été Italien dans une cour fermée. On se demande à tout moment quand l'orage va éclater.
Et puis finalement tout arrive, s'en suit un week-end à Rome sous une chaleur de plomb, qui nous fait rêver d'une balade sur les pavés, entre statues, fontaines et librairies.
Cette escapade prend ensuite fin, et c'est le moment de dire au revoir. De mettre de côté cette parenthèse de l'été, trop lourde et trop chaude, un souvenir d'été trop fou pour survivre à l'automne.
2. Une vie comme les autres, Hanya Yanagihara
Cela fait très longtemps que je n'avais pas lu un livre qui me plaise autant, qui me bouleverse même, et qui se glisse directement en haut de la pile de mes livres préférés.
C'est tout d'abord les personnes et le cadre parfait : New York, un avocat, un peintre, un acteur et un architecte, leur évolution et leur réussite et les liens qui s'entremêlent. Une architecture de rêve.
Puis très vite, on se rapproche du personnage qui deviendra la figure centrale du roman, Jude.
La description des moments et des sentiments est si bien menée qu'on se met tout à fait à la place des personnages. Je n'ai jamais autant pu ressentir et appréhender des sentiments qui me sont étrangers, l'auteur nous aide à comprendre des comportements et des histoires et nous permet de mettre sous forme de mots ce qu'on ne sait formuler.
Ce sont 800 pages qui nous aident à entrer entièrement dans la peau des personnages. L'auteur arrive parfaitement à nous expliquer un caractère, une émotion, une manière de voir les choses et la vie en fonction d'une histoire et d'un élément du passé, même simplement d'une phrase. Je n'avais jamais rien lu de pareil. J'ai particulièrement aimé la partie concernant Willem.
Et enfin, Jude, que j'ai l'impression de connaitre pour de vrai. C'est un mélange de tristesse, de tendresse et de surprise, savoir qu'il peut à la fois arriver le pire et le meilleur, que des personnes peuvent faire tant de mal et d'autres tant de bien. Découvrir comment il peut être possible de se relever, ou pas, et des personnages formidables qui créent des liens des plus puissants, à l'instar de Harold ou Andy.
Un livre dont on redoute de tourner la dernière page, et que j'ai déjà envie de relire pour revivre cette histoire et ces émotions, et retrouver Jude, Willem, JB et Malcolm comme s'ils n'étaient jamais partis.
"Aussi éprouvait-il de la reconnaissance à l'égard de ses amis pour l'avoir relativement si peu sondé, l'avoir laissé être lui-même,
une prairie déserte, anonyme, sous la surface jaune de laquelle la terre noire grouillait d'os calcifiés lentement métamorphosés en pierres."
"Il gardait les rideaux fermés la plupart du temps, mais on pouvait les ouvrir tous d'un coup, et l'espace apparaissait alors comme
un rectangle de pure lumière, le voile vous séparant du monde extérieur soudain d'une minceur incroyable. Il a souvent le sentiment
que son appartement est un mensonge : celui-ci suggère que la personne qui y vit est quelqu'un d'ouvert, d'énergétique, de généreux dans
ses réponses, et, bien sûr, il n'est pas cette personne. Lispenard Street, avec ses alcôves, ses dédales obscurs et ses murs qui
avaient été repeints de si nombreuses fois que l'on pouvait sentir les stries et les cloques, où les papillons et autres insectes
s'étaient retrouvés entre les couches, constituait un reflet bien plus exact de qui il était."
"Nous pouvons dire que la vie elle-même est l'axiome de l'ensemble vide. Elle commence avec zéro et se termine avec zéro. Nous savons
que les deux états existent, mais nous n'aurons conscience ni de l'un, ni de l'autre : ce sont des états qui font nécessairement partie de la vie,
mais on ne peut pas les éprouver en tant que vie. Nous présupposons le concept du néant, mais nous ne pouvons pas le prouver.
Pourtant, il doit exister."
Une vie comme les autres, Hanya Yanagihara
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